Dienstag, August 01, 2006

Réforme de l'orthographe

On vient de l'annoncer dans les médias allemands ; la nouvelle orthographe est appliquée depuis aujourd'hui, et ceci "bundesweit". On ne dit pas ce qui en est de la Suisse et de l'Autriche.

Depuis 2000 environ, il était écrit dans les sujets d'agrégation que l'on devait employer l'ancienne ou la nouvelle orthographe, mais ne pas mélanger les deux, c'est à dire "être cohérent".

En 2000, j'avais employé la nouvelle orthographe dans la dissertation allemande et peut-être aussi le thème allemand (je n'ai d'ailleurs jamais annoncé dans mes copies laquelle des deux orthographes j'employais). En 2000 précisément, j'avais vu mes notes d'agrégation externe chuter brutalement (d’au moins 6 à 8 points en ce qui concerne les deux traductions) par rapport aux sessions précédentes.

Je me suis expliqué cela par deux causes :
- l'arrivée en masse des germanophones sur le marché de l'agrégation d'allemand ,tout ressortissant de l'union européenne étant autorisé à se présenter aux concours de recrutement de professeurs en France, à partir du moment où il possède un diplôme de BAC + 4, quel qu'il soit, a le droit de se présenter aux concours de l’agrégation. Pour ceux qui sont déjà professeur en France, un titre de professeur certifié, ou de PLP2, ou tout autre concours de l'enseignement passé après BAC+3, suivi du stage réussi, suffit[1]
- l'arrivée de la nouvelle orthographe allemande que j'employais pour mes élèves, mais qui n'avait pas peut-être pas encore été assimilée par tous les correcteurs de l'agrégation...[2]

A- Ce qui se passe en Allemagne :


On donne aux allemands un délai d'un an à compter de ce jour pour ne plus faire de fautes d'orthographes, cela voulant dire que, depuis l'invention de la nouvelle orthographe, les allemands panachaient les deux orthographes et en avaient le droit, mais les candidats à l'agrégation d'allemand en France, eux, non.

J'ai vu, en 1998 ou 1999, dans une école jumelée avec le lycée où j'enseignais alors, en Nordrhein-Westfalen, un tableau affiché dans le hall d'entrée de cette Gesamtschule, école recouvrant à la fois le collège et le lycée français (5ème à 13ème classe, soit âge de 10 à 19 ans). Sur ce tableau était inscrite une progression à suivre trimestre par trimestre, pour étudier les règles de la nouvelle orthographe qui étaient à assimiler jusqu'à fin 2005, pour que les élèves qui avaient appris l'ancienne orthographe, puissent passer peu à peu à la nouvelle orthographe.


Donc, il est évident que les élèves allemands qui ont eu leur Abitur avant 2005 pouvaient encore panacher les 2 orthographes, en ne faisant plus de fautes d'orthographe sur les règles que, selon le programme de passage de l'ancienne à la nouvelle orthographe, ils auraient du jusque-là avoir assimilées. Les étudiants germanistes allemands en Allemagne ont sans doute suivi la même progression.

Jusqu’ici, en Allemagne, seul le Schleswig-Holstein faisait obstruction à l’application de la loi sur l’orthographe au niveau du Bund (pour les non germanistes, au niveau fédéral).

Aujourd’hui, personne n’a parlé du Schleswig-Holstein dans les médias allemands , du moins à mes heures d'écoute et à celles de mon époux, mais il semblerait que si la réforme soit appliquée dès aujourd’hui, c’est que le Kultusministerium[3] de ce Land aurait aussi accepté la réforme.


B- Comparaison entre la progression de l’emploi de la nouvelle orthographe allemande en France et en Allemagne.

Donc, apparemment, selon la nouvelle loi qui autorise les allemands à faire des fautes, en mélangeant l’ancienne et la nouvelle orthographe, sans que cela soit considéré comme faute, jusqu’au 31 juillet 2007, les allemands seraient encore actuellement mieux lotis que les germanistes français, qui n’étaient autorisés, même en étant francophone, qu’à utiliser l’une ou l’autre orthographe sans panachage dans leur concours de CAPES ou d’agrégation.

Donc, à l’agrégation d’allemand, on a été plus royaliste que le Roi, en en demandant plus aux futurs germanistes français, même francophones, qu’aux allemand eux-mêmes, et qu’aux professionnels de l’allemand en Allemagne, qui eux devaient déjà écrire en nouvelle orthographe, par exemple en comptant « dass » comme faute aux candidats à l’agrégation d’allemand française qui dès la première année de la réforme on utilisé cette orthographe, avant même qu’il y soit fait allusion dans les sujets d’agrégation.

Accepter d’ailleurs dans les années de transition des devoirs écrits en ancienne orthographe était presque un non-sens.


C- Donc, que va-t-il advenir de l’application de la nouvelle orthographe dans l’agrégation d’allemand française ?

Si on s’en tient à ce qui est fait en Allemagne, on devrait (je dis bien on devrait, ceci est un écrit de réflexion sur l’agrégation et non la position officielle) :

- autoriser le panachage des deux orthographes jusqu’à la session 2007, en demandant d’écrire le plus possible en nouvelle orthographe, et en ne comptant pas de fautes si quelques mots peu courants apparaissent encore en ancienne orthographe. Ne surtout plus compter de faute lorsqu’on écrit dass, « dass », ce qui aurait du être déjà le cas dans les sessions de 1999 à 2001. Mais il faudrait compter faux « *daB » au lieu de dass (nouvelle orthographe), sauf dans les citations d’écrits publiés avant 1998, compter faux heute morgen au lieu de heute Morgen (bon, nouvelle orthographe).

- Rendre la nouvelle orthographe obligatoire à partir de la session 2008, sans panachage avec l’ancienne orthographe, sauf pour les citations d’écrits publiés en ancienne orthographe, et compter comme faute tout mot écrit en ancienne orthographe, dans le texte du candidat (hors citation).

Ceci pour suivre ce qui a été fait en Allemagne et ne pas être plus royaliste que le roi en appliquant une vague règle, selon laquelle il faudrait utiliser l’ancienne ou la nouvelle orthographe sans panachage. L’aberration étant ici d’utiliser encore l’ancienne orthographe !

dominique/dominika




[1] En ce qui me concerne et je le rappelle, car beaucoup d’erreurs ont été faites à ce sujet par rapport aux « vieux », ce qui est nommé « CAPES pratique » est la validation du stage passé après le concours du CAPES, le seul qui existait à l’époque, avec quatre épreuves d’écrit (la dissertation était en allemand et avait un coefficient 2 par rapport au reste).

[2] Une prof d'université, correctrice de l'agrégation[2] m'a dit ceci, après la session de 2001
- il est normal pour les étudiants et autres candidats à l’agrégation de connaître les correcteurs, même ceux qui ne fréquentent pas les universités les rencontrent à l’agrégation externe lors des rapports oraux qui sont donnés aux candidats sur la correction des copies- : "Moi, j'aime écrire avec l'orthographe des 17ème-18ème siècle, j'écris souvent encore avec des y à la place des i". J'ai compris plusieurs années après, que ce professeur avait voulu me dire. Elle parlait de « ma » nouvelle orthographe, nouvelle orthographe conseillée dans la plupart des Länder allemands, que j’employais déjà dans mes copies. Et que cette année-là et probablement les deux suivantes, on m'a peut-être comme faute, et on a peut-être compté une faute à chaque fois que j'écrivais "dass" au lieu de "daB". Il n’a jamais été spécifié si l’on devait écrire sur nos copies quelle orthographe on employait, donc, tout en écrivant en nouvelle orthographe, je n’ai pas spécifié sur la copie en quelle orthographe j’écrivais. Je crois qu’à ce niveau-là l’arrivée de candidats de l’agrégation interne qui employaient la nouvelle orthographe en classe, puisque les manuels scolaires d'allemand français écrits en nouvelle orthographe étaient déjà publiés, ont du faire évoluer les choses au niveau des universités françaises.

[3] Kultusministerium : Ministère de l’Education et de la Culture dans chacun des Länder.